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Ma Mahou Blog
29 septembre 2015

De toi à moi...

Tu te souviens? On s'était rencontrés sur le quai d'une gare. Ce fût notre tout premier contact réel à tout les 2. Nous, qui par le biais d'amis en communs, avions fait connaissance par téléphone. J'étais, au fure et à mesure de nos conversations, tombée complètement amoureuse de ton "dedans". Je m'étais dit quelle étrange personne tu devais être et quelle vie, tu avais dû mener pour avoir un coeur aussi pure et une si grande maturité, du haut de tes 17 ans.

Je n'avais alors aucune idée de ce à quoi tu pouvais bien ressembler, et puis je m'en foutais royalement. Je pense que s'il t'avait manqué des dents, si tu n'avais pu marcher que sur une jambe, ou avec un oeil qui disait merde à l'autre, je t'aurais aimé quand même. Moi, qui avait pourtant grandi avec cette idée que pour réussir sa vie, il fallait être beau et s'entourer de gens beaux et riches, merci papa, merci maman, d'avoir essayé, grâce au ciel, ça n'a jamais été mon truc...

Je suis decendue du train et je t'ai vu. 15 ans plus tard, je me souviens toujours de la tenue que tu portais ce jour là, de la couleur de ton téléphone Nokia, des chaussures que tu avais aux pieds, de la marque de clopes que tu fumais et des formes géométriques qu'il y avait sur le ballon avec lequel tu jouais.

Je l'ai su tout de suite. Je me souviens avoir glissé dans l'oreille de ma meilleure amie Caroline un petit "-c'est lui Caro". J'ai su ce jour là que tu serais "l'homme de ma vie", que tu serais le père de mes futurs enfants, le premier aussi avec lequel je perdrais ma virginité.

On s'est regardé ce jour là, un peu comme 2 cons qui s'étaient attendu pendant 17 ans, comme si toi et moi, c'était écrit depuis un siècle et qu'enfin, le jour pour nous, de vivre cette histoire était venue.

Après cette première rencontre, ,nous  ne nous sommes plus jamais quittés.

Moi je venais d'une famille où les gens se disaient rarement qu'ils s'aimaient, où il fallait sans cesse faire attention. Attention de pas manger trop de glaces ou de chocolat pour ne pas être trop grosse, attention à pas avoir trop de boutons pour ne pas être trop moche, attention à sourire en permanence pour ne jamais laisser transparaître ne serait-ce qu'un soupçon de faiblaisse. Parce que de là d'où je viens, la tristesse, la mélancolie, tout ça, c'était pour les faibles.

Et moi, j'avais passé les 17 premières années de ma vie a cacher que j'étais une faible. Parce que je pleurais tout le temps. Quand je voyais un animal mort sur le bord de la route, quand je voyais quelqu'un dormir dehors, tout seul, quand je me sentais vexée, donc souvent. Quand mon père me manquait ( mes parents étaient séparés), quand ma mère partait pour son travail pendant des semaines, parfois des mois et que je ne savais pas qui allait nous garder mon petit frère et moi, et puis je pleurais quand elle rentrait aussi, parce qu'elle était dure, ma mère et que j'étais persuadée qu'elle me detestait. Je pleurais quand j'écoutais des chansons tristes, quand je regardais des films trop beaux... TOUT me faisait pleurer, de la misère dans le monde à mon propre desert affectif.

Toi, tes parents étaient encore ensemble, ils s'aimaient comme des fous, ils chantaient tout le temps, mettaient la musique et dansaient dans le salon (ça aussi, ça me faisait pleurer) s'appelaient par des petits noms d'amour et vous donnaient tout ce qu'ils pouvaient vous donner à toi et tes frères et soeur. Il y avait , Kevin, 6 ans qui vivait à la pouponnière à Necker, ta maman de  pleurait souvent aussi les après midi quand elle pensait à lui. Et puis elle disait rien à personne, prenait son sac, ses mouchoirs et partait le voir. C'était LE drame de la famille.t'avais une petite soeur, une jolie rousse, elle avait 12 ans quand je l'ai rencontrée. Si introvertie, qui s'habillait en jogging tout l'temps pour pas qu'on la regarde et qui vous servait tes frères et toi,  comme des princes. Tout ça me faisait rire, c'était vivant.

Quand j'ai fait la connaissance de tes parents, de ta famille, je les ai tout de suite aimé, tous. J'ai été surnommée "Lulu" et c'est resté pendant plus de 10 ans. Ils m'ont accueillis comme leur fille. J'ai trouvé chez eux la chaleur qui manquait chez moi, j'ai trouvé dans les yeux de ta mère, l'amour qui manquait dans les yeux de la mienne, chez ton père, la présence a laquelle mon père faisait défaut, et un humour de merde, qui parlait beaucoup au miens (d'humour de merde!).

Le seul truc finalement qui n'allait pas dans ta famille, c'était ce goût prononcé que vous aviez tous pour l'alcool, tes parents,  tes frères et toi.

Et puis Kevin est décédé et toute la famille s'est éffondrée, ta mère ne s'en ai jamais remise, elle a sombré peu à peu, un peu plus, buvant du whisky du matin au soir pour dormir et oublier que la vie était une pute et qu'elle lui avait pris son 1er petit fils de 6 ans.

Les années passaient, la déchéance allait crescendo, tes parents, c'était "perdu", ils étaient devenu vraiment alcooliques, toi aussi, d'apéros en apéros, de fêtes en fêtes, de mauvaises fréquentations en mauvaises fréquentations... J'ai voulu partir, j'avais beau faire de mon mieux pour te sortir la tête de l'eau, pour te relever chaque fois que tu sombrais un peu plus, je n'y arrivais plus. Je gèrais tout, j'étais la seule a travailler, à tout assumer et plus ça allait, plus ton visage se marquait. L'alcool vous a tous transformés physiquement.

Et puis je suis tombée enceinte...

Et puis, comme une évidence, je l'ai gardé. En espérant aussi peut-être que cet enfant te sauverait...?je ne sais pas. Mais je voulais cet enfant, ça c'est une certitude.

Elle t'a fait du bien, je t'ai senti vivant les premiers mois, comme si tu te sentais en phase avec tes nouvelles responsabilités. C'était le bonheur.

Et puis tu as commencé à sortir de nouveau, avec ces mêmes têtes de glands et tout a recommencé.

Je t'ai quitté.

Ta mère est morte 2 ans plus tard d'une sirose. J'ai été là, encore. J'ai été à tes côtés, tout le temps. Tu as pleuré dans mes bras et j'ai pleuré dans les tiens, j'ai écrit son éloge funèbre, que ton père et ta soeur ont gardé, comme un cadeau. Je me souviens de ton père, si pudique, si fier, qui ce jour là, m'avait serré fort en me disant "merci ma Lulu, elle t'aimait tellement"...

(Evidemment, rien que d'écrire tout ça et de me replonger dedans, je pleure...)

(inspirer-expirer...)

Nous nous sommes rapprochés, pour notre fille. Et puis 1 an plus tard, tu semblais avoir arrêté de boire, je suis revenue. Ton père a rejoint ta mère, sirose bis.

Un mois plus tard,j'apprenais qu' un petit habitant était venu taper l'incruste sous mon nombril, et tu as tout recommencé, en mille fois pire.

Ces années de séparation visiblement, ne t'avaient servi à rien, tu me bernais en me disant que tu avais changé pour nous. Tu avais juste oublié de me dire qu'à l'alcool s'était rajoutée la drogue, la dure, celle qui fait planer, taper, crier, celle qui fait que tes pupilles se dilatent à tel point qu'on pourrait croire que tes yeux vont éclater. Cette drogue qui te fait trembler, qui te fait rentrer chez toi si défoncé que tu t'endors dans le jardin, la tête dans ton vomi.

Tu m'as insulté, violenté, enceinte. Devant notre fille, qui était morte de trouille. Je tremblais tous les soirs, de peur. Je me demandais dans quel état tu allais rentrer. A la fin, je pleurais tellement, que je croyais qu'a force, je finirais par mourir de chagrin.

Et puis j'ai accouché. Tu es arrivé défoncé à la maternité. Je suis rentrée seule de celle-ci, toi, tu faisais la fête je crois. J'avais eu une épisio, j'étais en pleine montée de lait, seule, avec mon bébé de 3 jours, conduire seule dans ces conditions, c'était... horrible.

Evidemment, avec la grossesse de merde que j'ai eu, notre petit garçon a eu énoooormément de mal a dormir, a s'apaiser; il venait de se bouffer 9 mois de detresse à l'interieur des entrailles de sa maman alors j'ai compris beaucoup de choses...

Un matin, alors que j'étais déjà décidée à te quitter, j'ai entendu frapper à la porte à 6h. En fait non, je n'ai pas entendu frapper, j'ai entendu le chien aboyer sans s'arreter. Je suis descendue et j'ai trouvé une armée de flics derrière la porte de maison avec ce qu'on appelle un "bélier" je crois, pour défoncer la porte. Ils ne l'ont pas fait à cause du chien apparemment.

Ils m'ont demandé d'attacher le chien et d'ouvrir, ce que j'ai fait. Les enfants dormaient à l'étage. Toi, à l'époque tu dormais dans le salon depuis des mois.

Ils sont entrés, je n'ai RIEN COMPRIS.

JE les ai supplié de pas faire de bruit et de pas faire peur aux enfants qui dormaient paisiblement, mais ils te cherchaient, perquisition, tu étais recherché pour trafic de drogue. On parle pas  de cannabis. On parle de cocaïne, d'Héroïne, de Kétamine... ET ET celui qui te fournissait était visiblement mêlé à un vaste trafic d'armes. Super.J'avais la police judiciaire du  Quaie des Orfèvres chez moi mais normal.

Je suis définitivement partie après cet épisode.

Sans rien, sans boulot, sans appart, sans RIEN, avec nos 2 enfants.

Pourquoi resasser tout ça me diras-tu?

Parce que... j'aimerais comprendre, j'aimerais savoir où tu es passé, j'aimerais que nos enfants aient un jour la chance de pouvoir connaître leur papa comme je l'ai connu, il y a 17 ans. De pouvoir rire aux éclats avec toi, aller faire du vélo, du roller avec toi, que tu leur racontes des histoires, que tu rassures ton fils qui pleure tous les matins à l'école. J'aimerais que tu danses avec eux dans ton salon,comme vous le fesiez avec tes parents, que tu arrêtes de boire quand tu les as, un week end sur 2, que tu te retiennes 2 petits jours tous les 15 jours, quand ils sont là. Je voudrais qu'ils arrêtent de fréquenter tes "amis", tu sais, ces nanas mordues de kétamine qui se réveillent de vos soirées la tête dans leurs vomis (je vois tout sur facebook...) et ces mecs qui t'aiment et qui sont là quand tes pochons sont rempli de poudre mais qui te calculent plus quand t'as plus rien.

Pour finir, je voudrais que tu te souviennes de ta douleur,de ta douleur de petit garçon, d'enfant, de fils, qui vient de perdre sa maman parce qu'elle buvait trop, et des yeux de ton père quand il a dit au-revoir à ta mère pour la dernière fois, serrant son corp raide et gelé avant de lui dire "mais qu'est ce qu'on a fait Mon amour, qu'est ce qu'on a fait à notre famille"... TU TE SOUVIENS DE TOUTE CETTE DOULEUR?

ne l'inflige pas à tes enfants. Ne leur fais pas ça si tu les aime.

Tu as perdu tes parents, tu as perdu ta "femme" (14 ans de vie commune), ne perds pas tes enfants pour l'alcool. Ils valent mieux que ça. Et ils t'aiment tellement...

blog tof

 

 

 

 

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Commentaires
A
Les mots me manquent <3 Tant d'amour, tant de gâchis... Je crois que je ne pourrais pas lui laisser mes enfants dans ces conditions, y croire encore. On ne peut pas sauver les gens contre leur gré... Il n'y a rien que tu puisses faire hormis continuer à les protéger eux...
M
Purée! Je n'ai jamais pleuré en lisant un article mais là c'est une première donc! Très emouvant, je ne trouve pas de mot! J'espère qu'il lira ton article et qu'il réagira et leur donnera enfin l'amour que vos loulous méritent! Et toi je te souhaite aussi pleins de bonheur car tu le mérite! Des bisous
S
la façon dont tu écris ton histoire est aussi entière que la façon dont tu ris et tu fais le pitre, est ce la souffrance extrême qui t a donné cette force de mordre la vie à pleines dents ou est ce ta nature ? Dans les deux cas je savais que tu étais extra -ordinaire <br /> <br /> Confirmation !!!!
M
merci beaucoup!
J
Woawwww tu ma fait pleuré c'est les yeux pleins de larmes que je viens te dire bravo pour la jeune femme et maman que tu es ! Qu'on aime quelqu'un plus que tout.... On crois toujours que ça s'arrangera.... Pas facile ton histoire...ton enfance pareil... Crois toujours en toi et j'espère du fond du coeur qu'il va se réveiller ! La drogue, l'alcool n'apporte que haine et violence... Mais pour tes enfants je le souhaite!!!! Tu es une fille bien tu mérite le bonheur! Sincèrement Jennifer.
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